Méconnue et souvent interprétée de façon tendancieuse, réputée pour les controverses et les incompréhensions qu'elle suscite, l'histoire du peuple serbe s'inscrit au cœur de l'histoire européenne. Établis sur la péninsule balkanique depuis le VIe siècle, construisant leurs États successifs, les Serbes se situaient au carrefour des civilisations orientale et occidentale. Région sensible par sa situation géopolitique, la Serbie était le point de passage direct entre l'Europe centrale et le Proche-Orient. Les intérêts des grands empires, byzantin, ottoman et habsbourg, s'y heurtèrent pendant des siècles. Appartenant par des alliances diverses à Byzance au Moyen Âge, majoritairement de confession orthodoxe, les Serbes eurent une histoire ponctuée de migrations et d'affrontements; leur défi identitaire résida dans leur opposition aux prosélytismes catholique et islamique. Cette identité, plongeant ses racines dans le Moyen Âge et la culture populaire de tradition orale, a été modelée à l'époque moderne par son ouverture à l'Occident. Ainsi la Serbie prit place dans l'ensemble des nations d'Europe. «Piémont des Slaves du Sud», la Serbie a payé son indépendance au prix de nombreuses victimes dans le projet de la création de la Yougoslavie.
Ce livre, publié en langue serbe en l'an 2000, a très vite acquis une grande popularité grâce à son approche novatrice, sa neutralité idéologique, son style clair et sa riche documentation. Outre les grands courants du développement politique, il analyse les phénomènes sociaux, religieux et économiques, les illustrant d'une multitude de documents souvent inédits, inconnus du lecteur occidental jusqu'à présent.
Aidé de trois autres historiens de renom (M. Protić, N. Samardžić et A. Fotić), Dušan T. Bataković a pensé et a donné sa forme finale à cette synthèse, s'efforçant de présenter aux lecteurs serbes et francophones les phénomènes sans lesquels on ne peut comprendre l'actualité complexe des Balkans, où les Serbes représentent la majorité, ou du moins une part importante de la population des États nés de la désintégration de la Yougoslavie. .
Ce livre est déjà une œuvre de référence qui sert de modèle pour la rédaction des manuels d'histoire dans la Serbie d'après 2000, acquise aux tendances démocratiques. Le lecteur découvrira le passé, souvent calomnié en méconnaissance de cause ces dernières décennies, d'un peuple qui s'est vu nier ses intérêts nationaux à long terme. Cette étude aborde également les aspects principaux de la culture serbe, allant des monastères médiévaux et de la poésie épique jusqu'à la littérature et à l'art contemporains.